Nous vivons aujourd’hui dans des univers composites, nécessairement pluriels. Le choix d’une option technique, stratégique ou non, ne doit pas interdire de faire cohabiter d’autres options ou alternatives. C’est la condition nécessaire, pour les entreprises, de préserver leur flexibilité. Elles se préoccupent à juste titre de l’interopérabilité et de la réversibilité, ce qui les poussent souvent à se tourner vers des écosystèmes de partenariats efficaces et ouvert, qui peuvent aller, dans certains cas, jusqu’à la « co-pétition » ou coopération entre des concurrents autour d’un projet donné.
Dans ce contexte, le terme Hybrid IT recèle une signification bien plus riche que celle souvent entendue. A l’origine, dans l’univers informatique, le mot ‘hybride’ a été formalisé à partir de 2010 notamment par l’organisme indépendant NIST dans la définition du « Cloud hybride », situé à l’intersection entre Cloud privé et Cloud public.
Depuis lors, la notion de ‘Hybrid IT’ s’est considérablement élargie. Car les offres Cloud ne constituent pas un futur unique et obligé de tous les systèmes d’information. L’univers ‘high tech’ est heureusement pluriel, polymorphe, multiple… et ne peut pas être « idéologique » – c’est à dire ancré une fois pour toute à un socle monolithique, d’une seule couleur.
La flexibilité et la longévité d’une organisation en dépendent. Cela détermine sa capacité à se renouveler et à se sortir de situations économiques, géopolitiques qui peuvent être difficiles sinon complexes. Une organisation doit donc pouvoir s’appuyer sur des ressources diverses, au moment propice, sans être verrouillée par ses partenaires. L’un des corolaires s’appelle la réversibilité, ou possibilité de faire machine arrière sans occasionner de dommages ni de coûts prohibitifs.
Les vertus de l’hybridation
Au-delà du Cloud, les infrastructures hybrides prennent désormais une dimension stratégique. Souvenons-nous que, dans l’univers biologique, l’hybridation consiste à croiser deux variétés d’une ou de deux espèces différentes pour obtenir une variété plus fertile, plus forte, plus résistante, etc., selon des critères et objectifs prédéfinis.
En électronique, l’hybridation ou assemblage de deux composants permet d’obtenir une fonction combinée nouvelle ou plus efficiente et une plus forte densité. Dans le domaine automobile, l’hybridation de la motorisation permet de recourir à l’une des ressources – thermique (essence, gazole, gaz…) ou électrique – la plus opportune dans des circonstances définies, voire de les additionner durant un laps de temps.
Dans le domaine de la photo, les appareils hybrides sont ceux qui sont à la fois très compacts et polyvalents, grâce à la possibilité de changer d’objectifs. Tout comme, en informatique personnelle, certains terminaux sont convertibles d’un PC en une tablette.
Des changements majeurs, selon Gartner
L’hybridation d’un système d’information ou d’une infrastructure apporte bien plus d’horizons nouveaux. Selon l’institut Gartner, l’informatique hybride transforme les architectures informatiques et le rôle de l’informatique elle-même. Elle est « le résultat de la combinaison et de l’utilisation simultanée de services internes et basés sur le Cloud pour répondre aux besoins informatiques d’une organisation, qui peuvent varier d’une application à l’autre, d’un ‘utility’ à un autre ou d’une base de données à une autre ».
L’informatique hybride permet une réelle optimisation, – ajoute le Gartner – alors que dans les services antérieurs de Cloud computing, une telle flexibilité devait généralement être ‘customizée’, c’est à dire construite sur mesure, par entreprise. Dans cette perspective, Gartner prévoit un changement majeur à venir. D’ici à 2020, 90% des organisations utilisant des services basés sur le cloud vont opter pour une infrastructure hybride. Les dépenses pour le Cloud computing hybride, en tant que services, devraient augmenter de 23,3 milliards de dollars à 68,4 milliards d’années d’ici à 2020. En ajoutant les services d’infrastructure, de stockage, d’hébergement et de colocation, ce marché de l’informatique hybride devrait franchir les 180 milliards de dollars en trois ans, et ainsi dépasser le marché traditionnel des data centres
Des étapes recommandées
Selon HPE, qui déploie sa nouvelle stratégie Synergy, une infrastructure hybride combine l’informatique traditionnelle, les Clouds privés, managés et publics, ce qui doit permettre un mixte adéquat pour apporter 100% de la puissance IT nécessaire aux ‘workloads’ de l’entreprise. Nous considérons que, pour capitaliser sur les avantages de l’informatique hybride, les entreprises – et les PME en particulier – ont intérêt à franchir les étapes suivantes:
- Créer un plan informatique hybride : il s’agit d’aligner la stratégie informatique et les objectifs business, de cartographier les attentes futures en matière d’IT et de rédiger une feuille de route à la fois sur les exigences financières et techniques, sur la base des applications actuelles, et de comprendre quelles technologies seront cruciales ;
- Évaluer en profondeur l’informatique en place : les DSI doivent analyser la capacité de leur IT à répondre aux besoins des métiers: une bande passante réseau fiable pour exploiter efficacement les technologies Cloud, une puissance de calcul suffisante pour supporter les applications de communication unifiée, et des capacités de stockage qui puissent être virtualisées pour diminuer les silos d’informations entre ce qui est ‘on-premises’ et ce qui est à l’extérieur ;
- Intégrer les services sur place et ceux sur le cloud : les solutions ‘hybrid IT’ facilitent l’informatique sur site tout en tirant parti des applications et des services sur le Cloud à partir d’un même ‘device’. Les fournisseurs partenaires doivent procurer une informatique simplifiée où ces services fonctionnent ensemble. Une intégration adéquate offre aux entreprises la flexibilité, l’évolutivité et la sécurité pour l’avenir.
- Comprendre les utilisations adaptées au ‘on premises’ et celles adaptées au Cloud : il faut donc déterminer quelles applications et services doivent rester sur place (du fait, entre autres, de la latence ou de la criticité de certaines données). Ainsi, les entreprises pourront choisir de moderniser des opérations de convergence complexes sur des serveurs hybrides, en ajoutant des points d’accès au stockage ou en virtualisant les capacités de stockage.
Les entreprises doivent pouvoir garder leurs choix ouverts, entre des systèmes classiques ou hyperconvergés, entre plateformes virtualisées ou le recours à des options de conteneurs (comme Docker) et à des serveurs autonomes classiques ‘bare metal’ (un serveur, une application).
Cela suppose de se soucier, dans son architecture IT, de l’interopérabilité entre des plateformes hétérogènes, notamment grâce à des API ouvertes, éprouvées et universelles, en y intégrant aussi des options Open source.
En résumé, la modernisation de l’informatique et sa capacité à « bouger » sont essentielles pour qu’une entreprise reste compétitive, efficace et sécurisée. Tout en évaluant l’écart entre ses propres capacités informatiques et ses besoins de montée en charges, sur une période limitée ou non, il faut que l’entreprise garde les coudées franches. Elle doit continuer de pouvoir choisir entre des options Opex (facturation à l’usage, à la hausse comme à la baisse) ou Capex (investissements en propre, avec amortissement sur plusieurs années).
Dans ce contexte, il est clair que la DSI se modernise elle-même : elle sait anticiper, elle devient plus que jamais conseil, prestataire de services IT ou ‘broker de services », pour le grand bénéficie des métiers. C’est ainsi qu’elle s’active à pousser l’innovation attendue de la transformation digitale.
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Sources de référence :